TOUCHE PAS A MON CONTROLEUR
Par admin. Publié dans DÉBATS |Le Figaro, apparemment très compétent en la matière (!), prétend que les contrôleurs à Roissy mettent en danger les vies d’autrui à cause d’un système d’absentéisme qu’ils auraient créé. Sans être plus compétent que le journaliste l’auteur cette élucubration fantasmagorique, on peut contester un récit pas très inspiré, manquant des faits et surtout sans avoir aucune idée de ce que fait un contrôleur.
Touche pas à mon contrôleur.
C’est un métier dur, plein de responsabilités car au bout de son travail il y a des vies humaines en jeu. Le contrôleur est un professionnel, il est bien formé et continue régulièrement à s’entraîner, à apprendre. Il faut qu’il amène l’avion au bon port, étant les yeux du pilote. Il faut qu’il prenne la bonne décision en cas de coup dur. Il faut qu’il connaisse par cœur la situation en l’air de tous les avions et les fréquences pour faire face à une éventuelle panne d’ordinateur.
En aviation légère et surtout en VFR, on n’a pas le droit d’aller se poser à Roissy, on n’est pas aux USA. Mais le travail effectué est identique dans une autre mesure à Toussus, Lognes, Pontoise ou Deauville par exemple. A la tour c’est la même chose dans son essence. On sépare, on autorise, on fait faire une remise de gaz, ainsi de suite. Donc, ici je vais parler de mes expériences propres des contacts que j’ai eus avec des contrôleurs de la région parisienne depuis 2001, l’année du début de mon instruction pour devenir un pilote privé.
Touche pas à mon contrôleur.
C’est bien connu, on en parle moins quand tout va bien. Mais dès qu’il y a une moindre faille, on oublie le reste. Les gens basés à x trouvent que les contrôleurs de y ne sont pas sympas, et ceux de y pense que les contrôleurs de z ne sont pas amicaux. Les raisons sont souvent sinon tout le temps le fruit d’un incident, d’un désaccord, d’un malentendu, tous spontanés.
Tiens un exemple : Je peux vous assurer qu’un pilote, très expérimenté et s’occupant des jeunes de sa région, prétendait en croyant dur comme fer que l’on n’avait pas laissé entré dans la TMA de Pontoise exprès parce qu’il venait de Toussus. J’hallucine. J’avais contesté et démarré le débat, heureusement en compagnie, par chance, d’un membre éminent de la DGAC. Après beaucoup d’insistance, et d’élimination des propos techniquement erronés, on s’est rendu compte qu’il avait contacté Pontoise au point Sierra. Trop tard pour contacter l’approche. D’où la raison du refus. Mais il aurait très bien été accepté avec un peu de remontrance si ce n’était un beau jour de dimanche avec beaucoup de trafic.
Il y a plein d’histoires de pilote comme ça. C’est jamais la faute du pilote, c’est forcément l’autre.
Touche pas à mon contrôleur.
Les aérodromes autour de Paris sont pleins d’aéroclubs, donc d’élève pilotes. Tous les contrôleurs les aident, les supportent car ils connaissent la situation, ils savent que c’est difficile au début, et même plus tard, de converser sur la fréquence, de comprendre les consignes. Posez-vous la question : combien de fois vous avez mal compris, mal exécuté une consigne, combien de fois vous avez fait semblant de pas les entendre, prétendu que ce n’est pas vous !! Mais vous vous en êtes toujours bien sorti car ils sont indulgents et compréhensifs et ils vous surveillent. C’est le cas des contrôleurs à Pontoise.
Pareil à Roissy. J’ai travaillé longtemps dans la zone industrielle de Roissy et j’ai pas mal écouté les conversations entre pilotes et contrôleurs. Il y des frictions de temps à autre, mais en général cela se termine par des salutations très cordiales, entre deux personnes se respectant pour le métier qu’il fait.
Touche pas à mon contrôleur.
Je vole pas mal dans le quart nord-ouest de la France et j’ai toujours été bien accueilli partout. Deauville, Le Havre, le Touquet, Caen, Lognes, Toussus, Meaux et j’en passe.
Tiens, Lognes. Un jour je prends la Notam, mais je la mets dans ma poche sans la lire. Celle-ci disait qu’il fallait appeler avant de venir pour être sûr de trouver une place de parking. Une fois atterri, la contrôleuse me demande si j’ai bien consulté la NOTAM. Je réponds « elle est dans ma poche mais je ne l’ai pas lu ». Comme je ne restais qu’un quart d’heure elle m’indique une place de parking sous la tour. En quittant le DR400, j’ai sorti la feuille de NOTAM et l’a montré vers la tour, je suis sûr qu’elle l’a vu !!
Encore à Lognes. Mauvaise habitue de Pontoise perpétuée à Lognes. Étant basé à Pontoise les contrôleurs vous vous connaissent et demandent de « rouler et quitter au parking » dès que vous dégagez la piste, sans que vous ayez le temps de vous arrêter. A Lognes, il y a une fréquence sol, et le temps de la rappeler après dégagement de piste, j’ai continué à rouler. J’ai été, très gentiment rappelé à l’ordre. « J’affirme » et « désolé » sont les mots clés.
Ou à Deauville. Que ce soit l’approche ou la tour, ce sont les contrôleurs les plus cools de la région d’après moi. Pourtant ça circule par là-bas, et souvent des anglais. Un jour en finale, il y avait toujours un gros avion sur la piste faisant un 180°. D’un commun accord avec la tour j’ai pu continuer et atterrir mais tout en étant prêt à remettre les gaz. Vous voulez voir des photos, les voici:
Le Touquet pareil, l’ensemble des services aéroportuaire fonctionnent à merveille.
Et pour terminer, évidemment, les contrôleurs de Pontoise, ceux qui m’ont supporté pendant 8 ans, sont des gens professionnels, courtois et plein de bonne volonté surtout si vous dites ou faites des bêtises.
Si vous avez des anecdotes, n’hésitez pas à les partager ici.
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